Édito

“Reflets à Strasbourg”. Vestiges de l’enceinte du XIIIe siècle. Dans cette ville, l’eau omniprésente a aussi été instrument de défense. L’enjeu, maintenant touristique, de cet environnement ne doit pas faire oublier ceux de la directive cadre de 2000 qui définit un cadre réglementaire pour la gestion et la protection des eaux de surface par bassin hydrographique au niveau européen. Compte tenu de l’importance de ce réseau l’Eurométropole est très engagée dans cette gestion. © Ph. Cieren.

Que d’eau, que d’eau… 

« À l’échelle cosmique, l’eau liquide est plus rare que l’or. » Hubert Reeves… © Ph. Cieren.

Si l’eau recouvre presque 80 % de notre planète, dite bleue pour cela, elle ne représente au final qu’à peine 3 % de son volume dont moins de 1 % pour les lacs et rivières. Pour ce qui nous concerne, ce raisonnement sur le volume nous en montre la rareté mais ses effets sur nos aménagements relèvent finalement plus des étendues qu’elle occupe, de ses mouvements et des zones de contact que constituent le linéaire de côtes, berges et rives qui découlent de ce système hydrographique. Il est certain qu’avec trois cent cinquante mille hectares de plans d’eau et plus de six cent mille kilomètres de cours d’eau, le sujet est omniprésent.

Nécessaire à la vie, et précieuse pour cela, l’homme a toujours dû composer avec, en aménageant, creusant, canalisant, drainant, détournant que ce soit pour l’alimentation des villes, l’agriculture ou l’industrie. Mais l’eau a également largement été utilisée comme élément défensif, de façon passive dans les douves ou, de façon plus active, par le biais de système permettant d’inonder à la demande des étendues importantes aux abords de ville ou citadelle, rendant de cette façon la progression des armées ennemies impossible.

Les “bains de Donia Maria de Padilla”, à l’Alcazar de Séville. Ce sont en réalité des réservoirs d’eau de pluie datant des travaux s’agrandissement de l’Alcazar par les rois catholiques vers 1360. © Ph. Cieren.

Enfin, en tant que source de plaisir, l’eau a été depuis les origines une composante essentielle des jardins et celui d’Hesdin à la fin du XIIIe, qui est l’un des plus anciens dont on possède des traces et des écrits, était réputé pour ses jeux d’eau. Cet engouement pour la mise en scène de l’eau dans un jardin trouve certainement son apothéose à Versailles avec tous les aménagements nécessaires pour son acheminement, qu’il s’agisse de la machine de Marly ou des rigoles du plateau de Saclay.

Mais chaque médaille a son revers, dit-on, et l’eau n’est pas toujours facile à domestiquer. Ainsi, il a aussi fallu se protéger contre les crues, inondations, submersions et autres avatars de la nature. Cette activité défensive constitue la seconde nature des aménagements liés à l’eau.

Somme toute, que ce soit pour l’utiliser ou s’en défendre, les aménagements en relation avec l’eau constituent une part importante des paysages et les ont profondément modifiés. Une grande partie de ces interventions ont un intérêt patrimonial indéniable. Aujourd’hui, les enjeux climatiques et de développement durables viennent rebattre les cartes et nous obligent à reconsidérer cette relation à l’eau. Les quelques articles qui suivent sont autant de photographies de ces phénomènes qui mettent en perspectives les continuités, les permanences et les changements qui doivent interroger nos projets à venir.

L’abbaye de Silvacane à La Roque-d’Anthéron (13). Les moines cisterciens ont toujours été de grands entrepreneurs. La présence de l’eau dans les abbayes recouvre des intérêts fonctionnels et spirituels. La grande qualité des dispositions architecturales dans lesquelles ces bâtisseurs font circuler l’eau appuie son caractère sacré. © Ph. Cieren.

Illustration de couverture

Jeux d’eau à la villa d’Este. © Ph. Cieren.
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